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Butte mémorial de la bombe atomique

 D'un diamètre de 16 mètres pour 3,5m de hauteur, ce reliquaire funéraire se présente sous la forme d'un tumulus circulaire en terre surmonté d'une stèle. Situé dans le Parc de la Paix dans le centre-ville de Hiroshima, il s'agit de l'ossuaire des victimes de la Bombe Atomique. Le reliquaire funéraire renferme les ossements de près de 70 000 victimes de la bombe, dont l’identité ne put être établie, ainsi que les dépouilles de 817 personnes identifiées mais pour lesquelles on ne trouva aucun parent susceptible de réclamer leur corps.

 L'ossuaire a été érigé à l’endroit appelé le nez du temple Jisen avec, au nord, le Pont Aioi qui servit de repère lors du largage de la Bombe Atomique. Dans les heures qui suivirent la destruction, l’enceinte du temple servit de lieu d’incinération des dépouilles des victimes. Les innombrables blessés étaient transportés sur la rive opposée à l’École Nationale Honkawa, à l’ouest du delta à l’École Nationale Ko-i ou encore sur l’île Ninoshima dans la baie de Hiroshima, tandis que des crématoires provisoires apparaissaient dans de multiples endroits de la ville.

 « S’atteler à la reconstruction de la ville sans même de requiem pour apaiser l’âme des victimes serait une faute grave ». Tel fut le plaidoyer qu’un homme défendit au printemps 1946 auprès de Shichirô KIHARA, alors maire de Hiroshima. Lors du déblaiement des décombres des ossements furent de toutes parts mis à jour. Au mois de mai, une association à la mémoire des victimes de la Bombe se constitua sous la présidence du maire de Hiroshima. En juillet, grâce aux fonds collectés auprès des citoyens, des travaux furent entrepris pour l’édification d’une chapelle pourvue d’un ossuaire sur le lieu dit le nez du temple Jisen. Un an plus tard, jour pour jour, la ville réunit tous les ossements mis en dépôt et procéda à une cérémonie funéraire de recueillement.

 Les restes de victimes ne cessaient d’augmenter à mesure que, la vie reprenant son cours, se multipliaient les chantiers de reconstruction. Cette époque ignorait l'analyse ADN et la plupart des ossements rejoignaient l’ossuaire sans qu’on pût les identifier. Par suite d’un décret de Postdam exigeant la laïcité de l’État, l’association se dissocia de la ville en 1950 pour devenir une organisation non-gouvernementale. Malgré les pressions de l’armée américaine qui s’engageait dans la guerre de Corée et qui avait interdit la Fête de la Paix (aujourd'hui Cérémonie de Commémoration en faveur de la Paix), les familles des victimes se rendaient sans discontinuité à l’ossuaire pour y brûler des offrandes d'encens.

 Menacé de décrépitude, l'ossuaire trouva sa forme actuelle en 1955. En dépit de l’opposition du gouvernement à des travaux de réfection au sein du parc, la ville maintint son dessein. La conception de l’édifice fut confiée à Kikuji ISHIMOTO, à qui l’on doit déjà l'ancien stade de base-ball. Les ossements continuèrent à s'amonceler et en 2004 les restes de 85 corps furent mis à jour sur l’île Ninoshima. C'est pourquoi l'Ossuaire des Victimes de la Bombe Atomique est surnommé le cimetière des « Hiroshima » : les victimes de la bombe.

(article du 6 Juin 2011, édition du matin)

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