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Témoin silencieux

Témoins silencieux : La chemise portée par une jeune fille ce jour-là, reste tachée par la pluie noire de la bombe A

La chemise de gymnastique tachée par la pluie noire a été offerte au Musée du Mémorial de la Paix d'Hiroshima, par Mme Toyoko Matsumiya en 2012 (photo par Hiroshi Takahashi)

Après avoir été irradiée par l’explosion de la bombe atomique, une jeune fille de 16 ans a encore été exposée à la « pluie noire », lorsqu’elle s’est enfuie du centre d’Hiroshima bombardé. Sa chemise de gymnastique qu’elle portait ce jour-là a été tachée en noir par cette pluie. Même après l’avoir lavée plusieurs fois sur une planche à laver, les taches ont persisté. Ces taches noires consistent de césium 137, une substance radioactive…

M. Kiyoshi Shizuma (69 ans), professeur émérite à l’Université d’Hiroshima est un expert en radio physique et fait des recherches sur les retombées radioactives de la bombe atomique, y compris la radioactivité de la pluie noire déclenchée suite à l’explosion de la bombe.

L’entrepôt du Musée du Mémorial de la Paix d'Hiroshima abrite de nombreux artefacts détruits par la bombe atomique qui gardent les traces de pluie noire. En 2016, le professeur Shizuma a obtenu la permission du musée de mesurer la radioactivité sur quatre pièces de vêtements parmi ces artefacts : ce sont cette chemise de gymnastique, un uniforme scolaire de style marin, une chemise brûlée et un pagne. Il suppose que les personnes qui portaient ces pièces ont été exposées à la pluie noire dans le district de Naka ou celui de Nishi (ils se situent près du point zéro), car il a détecté une petite quantité de césium 137 sur toutes ces quatre pièces.

La personne qui portait autrefois la chemise de gymnastique habite à Mihara, dans la préfecture d'Hiroshima. Elle s’appelle Toyoko Matsumiya (née Kubota), âgée de 89 ans. À l’époque, elle était étudiante au lycée de filles de Nishi, qui a été fermé suite au bombardement atomique. Elle a été exposée à la bombe atomique alors qu’elle se trouvait au premier étage de son école située à Higashikanon-machi (maintenant district de Nishi), à environ 1,3 kilomètre du point zéro. Elle a été enfouie sous les décombres de l’école effondrée mais a réussi à s'échapper. Ensuite, elle a été exposée à la pluie noire près de l'école. Plus tard, se sentant extrêmement fatiguée, elle est tombée malade avec une forte fièvre et une anémie, mais a réussi à survivre.

On pense qu’après l’explosion de la bombe atomique, la pluie comprenant les retombées radioactives est tombée non seulement dans la ville d’Hiroshima mais aussi dans la vaste région en dehors de la ville. Concernant ces zones touchées par la pluie noire et son impact sur le corps humain, il reste encore un grand débat.

Le professeur Shizuma a présenté les résultats de ses recherches dans une réunion du « Groupe d’étude chargé d’examiner les artefacts de la bombe A conservés dans le Musée du Mémorial de la Paix d'Hiroshima » et il a également publié un article sur ce sujet dans un magazine du groupe. En fait, le professeur Shizuma a perdu son grand-père lors du bombardement atomique et son père est un survivant de la bombe atomique, ayant été exposé à des radiations résiduelles puisqu’il est entré dans le centre-ville après l'attaque. Il a ainsi déclaré : « Je voudrais clarifier beaucoup de faits qui n’ont pas encore été mises en lumière, dans la mesure du possible ».

Écrit par Sakiko Masuda, publié initialement le 25 juin 2018
Traduction : Kuniko Satonobu

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