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Les survivants atteints de microcéphalie demandent au Japon, seul pays bombardé par la bombe atomique, de ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

« Les survivants de la bombe atomique atteints de microcéphalie ne peuvent pas prononcer par eux-mêmes, les mots « abolition des armes nucléaires ». Cependant, leur existence elle-même témoigne de l'inhumanité des armes nucléaires » a déclaré M. Yoshio Nagaoka (71 ans), lors d'une conférence de presse à Hiroshima. Président du « Kinoko-Kai (Association des Champignons) » composé des survivants atteints de microcéphalie et de leurs familles, M. Nagaoka a ainsi salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires le 22 janvier 2021.

La microcéphalie est due à l’exposition aux radiations de la bombe atomique dans l’utérus de la mère, ce qui entraîne souvent des troubles cognitifs, physiques et psychiques.

Cette association compte aujourd'hui 15 membres atteints de microcéphalie parmi lesquels il y a le frère aîné de M. Nagaoka.

Les activités principales de cette association consistent dans le soutien de la vie quotidienne de ces membres. Donc, jusqu'à présent elle n’a jamais fait de déclarations publiques en formulant par exemple des exigences politiques. Néanmoins, le groupe a récemment tenu une conférence de presse « sans précédent » à l'hôtel de ville de Hiroshima, qualifiant l'entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires d'étape importante vers l'abolition des armes nucléaires, que la génération de leurs parents déjà décédés avait elle aussi sincèrement souhaitée.

Le message annoncé par ce groupe disait notamment : « S'ils n'avaient pas été exposés aux radiations de la bombe atomique dans le ventre de leur mère, ils auraient vécu une vie complètement différente ».

Le 6 août 1945, le frère aîné de M. Nagaoka, aujourd'hui âgé de 74 ans, a été exposé aux radiations dans le ventre de sa mère, Chizuno, qui se trouvait dans une maison en bois située à environ 900 mètres du point zéro et qui est morte en 2003 à l'âge de 80 ans. M. Nagaoka a déclaré que lorsque son frère est né en février 1946, il ne pesait qu'environ 1 000 grammes.

M. Nagaoka rend maintenant visite à son frère, qui vit seul à Hiroshima, tous les quatre jours pour l'aider à faire le ménage et à laver ses vêtements.

« Mon frère ne peut toujours pas faire de simples calculs. Alors, lorsqu’il fait des courses dans les magasins, il utilise toujours du papier-monnaie, même si son achat est minuscule et ainsi il peut en recevoir la monnaie. Donc, son porte-monnaie est plein des pièces de monnaies. Mais il ne les utilisera jamais, car il ne sait pas comment on le fait ».

« Un jour, mon frère m'a demandé ce qu’il serait devenu s’il n'avait pas été exposé aux radiations de la bombe, et je ne pouvais pas trouver la réponse… ». Ces échanges de la conversation entre M. Nagaoka et son frère sont également intégrés au message.

Selon M. Nagaoka, certains membres du groupe ont été cloués au lit ou hospitalisés en raison de leur mauvaise santé et certains ne peuvent pas recevoir de soutien de leur famille. Compte tenu de la réalité dure à laquelle ils sont confrontés, M. Nagaoka ne pouvait pas rester silencieux face à la position actuelle du gouvernement japonais qui ignore le Traité.

Lors de cette conférence de presse, M. Nagaoka a appelé le gouvernement japonais à signer et à ratifier le Traité. « Les armes nucléaires peuvent endommager par radiation nucléaire même la plus petite vie dans l'utérus de la mère. Comment est-il possible que le gouvernement japonais, seul pays frappé par l’arme atomique, tourne le dos au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ? », a-t-il déclaré.

Mme Hiroe Kawashimo (74 ans), autre survivante atteinte de microcéphalie qui vit dans le district de Higashi à Hiroshima, a participé à la conférence de presse avec d'autres membres de l’association. Ce jour-là, l’association a envoyé son message sous la forme d'une lettre de demande au Premier ministre japonais Yoshihide Suga ainsi qu’aux présidents des deux chambres du parlement.

Écrit par Kyosuke Mizukawa et publié initialement le 23 janvier 2021
Traduction : Kuniko Satonobu

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