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Éditorial & Opinions

Partager l’idée que l’arme atomique est « un mal absolu » avec les citoyens du monde

La situation des armes nucléaires a énormément changé depuis une année. L’évènement le plus remarquable était le décernement du Prix Nobel de la paix à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), une organisation non gouvernementale. Cet évènement a également mis en lumière l’engagement considérable des Hibakusha en vue de l’abolition des armes nucléaires.

Sur la scène de la cérémonie de remise du Prix Nobel à Oslo en décembre dernier, la canadienne d’origine japonaise Setsuko Thurlow, une Hibakusha (victime irradiée par la bombe A) a fait son discours au nom de l’ICAN. Racontant comment son neveu de quatre ans a décédé : « son petit corps étaient fondu et transformé en boule de chair (…) Il a continué à dire d’une petite voix très faible, « je veux boire de l’eau » jusqu’au moment où sa mort l’a enfin libéré de la douleur », Mme Thurlow a rappelé qu’il ne faudra jamais répéter un pareil acte absurde à l’avenir en disant que : « l’arme atomique n’est pas le mal nécessaire mais le mai absolu ». Ému par son discours puissant, l’empathie s’est propagée dans le monde.

Justement cette empathie partagée par les citoyens du monde ne sera-t-elle pas un espoir afin de réaliser un monde sans armes nucléaires ? Et en se solidarisant pour ce but, ne pourrait-on pas mettre en mouvement le monde politique international ?

En juin, le leader nord-coréen Kim Jong Un et le président américain Donald Trump ont signé un document commun dans lequel M. Kim Jong Un s’engage pour une « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », malgré que les deux dirigeants aient débattu jusqu’au dernier moment en prenant la théorie de la dissuasion nucléaire comme base de leur discussion. Puisqu’on peut soupçonner que ces deux pays ont signé le document en vue d’une simple stratégie politique, les souhaits des Hibaku de « regarder en face les dégâts inhumains sans précédent causés par le bombardement atomique » seraient encore plus importants afin de faire changer les idées des politiciens des pays en possession de l’arme nucléaire.

Dans une « Déclaration de Paix », le maire d’Hiroshima Kazumi Matsui a déclaré devant les représentants de 85 pays participants à la cérémonie commémorative pour les victimes de la bombe A du 6 août à Hiroshima, que le traité d’interdiction des armes nucléaires doit être une première étape essentielle vers l’abolition des armes nucléaires. La mise en application de ce traité interviendra après que 50 États l’auront ratifié. Cependant, jusqu’à présent seulement 14 États l’ont ratifié. M. Matsui a déclaré qu’afin d’augmenter le nombre de pays qui le ratifient, la création d’un argument de politique de sécurité qui ne dépend pas de l’arme est crucial.

Pourtant, le gouvernement japonais ne change pas sa position sous le prétexte de la protection du parapluie nucléaire américain. Le premier ministre Shinzo Abe a souligné à nouveau qu’il ne signera pas le traité. Ainsi l’écart entre la position des États dotés de l’arme nucléaire et celle des États non dotés n’est jamais comblé.

L’âge moyen des Hibakusha est de plus de 82 ans. Dans deux ans, la conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) se tiendra, qui a lieu seulement chaque 5 ans. Donc, il n’y a pas de temps à perdre afin de tracer le chemin vers l’abolition des armes nucléaires.

Comment peut-on faire « sentir » aux citoyens du monde ce jour du bombardement atomique ? Au-dessous du parc du Mémorial de la Paix d’Hiroshima où la cérémonie commémorative pour les victimes de la bombe atomique s’est tenue, les ruines du district de Nakajima reposent toujours endormies. Un projet municipal en vue de creuser la terre à cet endroit et montrer en public les ruines de Nakajima a commencé.

Il y a 73 ans maintenant, chaque personne vivait son matin. Des objets de la vie quotidienne ou des terres brûlées excavées par ce projet montreront la vie de chaque citoyen, arrachée d’un seul coup… Si moi-même ou ma famille étaient là à l’explosion de la bombe atomique… J’aimerais vous proposer d’imaginer ensemble la scène de ce jour-là.

Écrit par Kanako Noda
Traduction : Kuniko Satonobu

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