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Souffrance et effroi : réouverture du bâtiment principal du Musée du Mémorial de la Paix d’Hiroshima rénové

Réponse très favorable des visiteurs à l’exposition et aux explications… Des voix s’élèvent pour désirer encore un enrichissement supplémentaire…

Le bâtiment principal du Musée du Mémorial de la Paix d'Hiroshima situé dans le district de Naka, a rouvert ses portes le 24 avril après des travaux importants de rénovation. « La nouvelle exposition nous fait mieux comprendre à quel point la bombe atomique a été destructive », ou bien « Elle nous a directement transmis la pensée des souffrances des victimes de la bombe ainsi que celles des membres de leur famille » ont conclu les visiteurs dans une réaction très favorable. Parmi les visiteurs, certains ont même regardé les objets exposés avec les larmes aux yeux. Par contre, d’autres visiteurs ont estimé que quelques changements et améliorations sont encore nécessaires.

Le concept de la rénovation a visé non seulement à transmettre les dégâts causés par la bombe atomique, mais aussi à faire « rencontrer » directement la souffrance et le chagrin des victimes de la bombe atomique et des membres de leur famille. « Quand j'ai vu les objets personnels des enfants décédés et les messages de leur mère, cela m'a brisé le cœur. La guerre ne doit plus jamais être répétée », a déclaré en larmes Mme Mariko Bessho (70 ans). Venue de la ville de Zushi de la préfecture de Kanagawa, Mme Bessho visitait le musée pour la première fois de sa vie.

Incessamment, de nombreux élèves des écoles primaires à l’entour ainsi que ceux des voyages scolaires ont visité le musée. Mlle Nagisa Mimoto (11 ans), élève de sixième année à l’école primaire Honkawa du district de Naka à Hiroshima, disait l’avoir visité déjà un certain nombre de fois : « Mais cette fois-ci, je suis encore plus terrifiée qu’avant. Je n'oublierai jamais les vêtements déchirés en lambeaux des enfants », dit-elle en rapprochant son épaule de celle de son camarade.

Exposées autrefois dans le bâtiment principal, les poupées en cire qui représentaient les victimes juste après le bombardement atomique ont été retirées dans la nouvelle exposition. Désormais, celle-ci n’est consacrée qu’à des objets authentiques. M. Ryoichi Hori (57 ans), directeur de l'école primaire « Seitoku » de la ville de Kurayoshi qui emmène chaque année ses élèves au musée, a déclaré : « Autrefois, la plupart des élèves était très impressionnée par les poupées en cire, ils les mentionnaient principalement dans leurs rapports de voyage scolaire. Je suis donc très curieux de voir si la nouvelle exposition peut transmettre clairement aux élèves l’horreur du désastre à travers seulement les objets exposés ».

  Une salle a été ouverte pour la première fois, consacrée aux étrangers victimes du bombardement atomique, qui a éveillé l’intérêt des visiteurs d’outre-mer. Employé d’une entreprise écossaise, M. Josh Myers (25 ans) a déclaré avec une expression assombrie : « « Sans avoir jamais été informé au lycée des effets terrifiants de la bombe A, je suis bouleversé de découvrir maintenant ici l’ampleur du désastre. Cela me force aussi à penser à ce qu’a pu être la souffrance, en mourant, des gens irradiés ».

Les parties explicatives de l’exposition ont été réduites au minimum de façon à faire surtout appel à la sensibilité des visiteurs. Le rôle des guides bénévoles du musée qui expliquent les objets exposés en deviendra donc plus important. M. Shozo Kawamoto (85 ans), guide bénévole et survivant de la bombe atomique, habitant dans le district de Nishi, lui donne ce sens enthousiaste : « Chaque objet personnel, pris un par un, raconte l’histoire d’une victime et des membres de sa famille. Je vais donc assumer mon rôle de guide avec le sens de cette mission ».

En même temps, il y a eu diverses réactions parmi les groupes de survivants de la bombe atomique et des autres personnes concernées qui ont visité le musée avant le jour de sa réouverture officielle. M.Toshiyuki Mimaki (77 ans), vice-président de l’Association des survivants de la bombe A de la préfecture d’Hiroshima (« Hiroshima-ken Hidankyo » présidé par M. Sunao Tsuboi), a déclaré : « Les nouvelles expositions convient à la terrible catastrophe de ce jour. En particulier, la photo de la jeune fille à l'entrée du bâtiment principal et les objets personnels des enfants ont eu un impact très fort sur les visiteurs du musée ». De son côté, M. Kunihiko Sakuma (74 ans), président de l'autre « Hiroshima-ken Hidankyo » a déclaré : « Dans la nouvelle configuration du musée, si l’on ne regarde pas les objets et les documents de manière très attentive, il est difficile de comprendre l’ampleur totale des dégâts causés par le bombardement. Lorsque le musée regorge de monde, j’ai une certaine inquiétude sur la façon dont les visiteurs peuvent appréhender l’exposition ». Il a ainsi appelé à des idées créatives pour améliorer encore les modes d’exposition et d’explication.

M.Hiroshi Harada (79 ans), survivant de la bombe atomique et ancien directeur du Musée du Mémorial de la Paix d'Hiroshima, a déclaré : « Afin que les visiteurs ne sous-estiment pas les dégâts causés par la bombe atomique, j’aimerais que le personnel du musée écoute attentivement les opinions des survivants et puisse changer les expositions selon leurs avis ».

Écrit par Keiichi Nagayama, Yusuke Egawa et Kyoko Niiyama, initialement publié le 26 avril 2019
Traduction : Kuniko Satonobu

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